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La chanson qui sent pas bon

C'est un moment important : pour la première fois de ma vie, je partage avec le monde une chanson de mon cru. Ceux qui l'ignorent encore découvriront que je suis une parolière de génie (oui, oui). Après avoir écrit de nombreuses reprises de chansons à l'occasion de fêtes diverses et variées, mon talent s'est révélé à la naissance de bichette. De la chanson pour enfant en veux-tu en voilà ! De la mama Hippo qui twerke, à Mademoiselle Girafe qui fait des bisous gluants en passant par Madame Pieuvre qui danse la salsa, il n'y a pas un doudou qui n'a pas sa chanson chez nous. Mais, il me manquait encore cette chanson populaire qui fait un hit, que dis-je, un tube international. Et c'est alors que j'ai pensé à ce moment terrible que vivent les jeunes parents et qui n'a pourtant pas inspiré beaucoup d'auteurs de chanson pour enfant : le changement de couche... Alors Mesdames, Messieurs, j'ai enregistré rien que pour vous "la chanson qui sent pas bon" ! Et je vous la livre en exclusivité ici. (à lire et à écouter avec humour, comme d'habitude : of course !)

 

C'est le chanson du gros caca

Qui déborde d'ici, de là.

C'est la chanson du p'tit pipi

Tout mini, tout riquiqui.

C'est la chanson du gros prout

Qui sent fort la choucroute.

C'est la chanson, c'est la chanson ;

C'est la chanson qui sent pas bon, ron ron !

 

C'est la chanson du changement de couche,

Respirez bien par la bouche !

C'est la chanson de la découverte,

Selles oranges, brunâtres ou vertes.

C'est la chanson rigolote,

pipi en l'air, mains dans nos crottes.

C'est la chanson, c'est la chanson,

C'est la chanson qui sent pas bon, ron ron !

 

C'est la chanson des agités,

Acrobates de la table à langer.

C'est la chanson de la patience,

Papa, maman courage ! Bonne chance !

C'est la chanson qui passe le temps

Pendant que les fesses en l'air, j'attends

Mais surtout... c'est la chanson,

C'est la chanson qui sent pas bon, ron ron !

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Bébé et vacances

Parlons de choses plaisantes : les vacances ! Fermez les yeux et imaginez le soleil, le bronzage sur la plage, les restos, les départs matinaux et les retours tardifs après une journée bien remplie, ou alors les grasses matinées et les après-midi piscine-mojito, les visites qui en mettent plein les yeux.... ça vend du rêve, hein ? Maintenant ajoutez un bébé dans l'équation... mais non, ne pleurez pas, ce n'est pas si terrible que ça ! Quoique... bref, parlons de choses plaisantes et fatigantes : les vacances avec bébé. 

Moi j'aime bien l'idée que tout est possible avec un bébé et qu'il faut continuer à vivre, et donc à partir en vacances. Bon tout de même, avouons que si on peut faire théoriquement les mêmes choses, en pratique c'est quand même un peu une autre histoire ! 

 

Les préparatifs : avant on partait à la cool, potentiellement même en dernière minutes. On préparait les affaires tranquillou et on pouvait embarquer des trucs pas forcément utiles mais juste "au cas où". Mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, le casse-tête commence dès le choix de l'hébergement : 2 chambres, une avec assez de place pour le lit bébé, des volets qui ferment, un environnement calme et accessoirement une salle de bain pratique pour baigner bébé, et le tout à prix raisonnable. Le jour du départ, c'est un peu le marathon et il vaut mieux avoir une check-list bien ficelée histoire de ne pas oublier LE truc qui gâcherait les vacances.... genre le doudou, la chaise haute, le lit parapluie ou le porte-bébé. Une fois la check-list de 2 pages recto-verso faite, il faut réussir à empaqueter les affaires et les caser dans la voiture sans marcher sur le bébé qui se mettra invariablement dans vos pattes et finira par hurler au milieu du couloir devant vos aller-retours incessants. Comme bébé prend un peu beaucoup de place, vous les adultes, devrez vous contenter du nécessaire de survie : culotte, brosse à dents, tenue de rechange (et maillot de bain quand même !). Une fois la partie de tétris-voiture terminée, il n'y a plus qu'à décoller pour... quelques heures de voitures en toute sérénité (blague).

 

Le grand moment du trajet. Avant l'arrivée de votre bébé, c'était un moment entre excitation du départ et un peu d'ennui de ce long trajet. S'il y a une chose que je peux vous promettre, c'est qu'avec un bébé, jamais plus vos trajets ne seront ennuyeux.... par contre loooong, ah ça oui ! Plus long que jamais d'ailleurs. Car après la sieste étonnement courte du chérubin, il ne va pas faire preuve d'une grande patience ce petit ange. Avouons qu'être attaché dans une voiture, face au siège, c'est pas l'éclate. Et vous avez beau avoir prévu des supers jouets pour l'occuper, en 2 minutes 30, il les a tous balancé par terre dans le seul coin de la voiture que vous ne pouvez pas atteindre, et le revoilà qui hurle. En désespoir de cause, vous coupez la radio pour chanter des comptines pour enfants. Je vous assure qu'au bout d'une demi-heure de comptines, vous vous ferez la réflexion que peut-être les cris c'était pas si mal finalement. Et puis bon, rien y fait, vous avez beau avoir la voix de Céline Dion, bébé ne cesse de pleurer. Jusqu'à ce que, oh miracle, vous constatiez qu'en lui caressant la tête, bébé s'apaise. La voilà la solution ! Sauf que la solution fonctionne sur un trajet de 10 minutes, mais je vous mets au défi de garder le bras retourner plusieurs heures et de pouvoir encore profiter des vacances à l'arrivée ! D'un seul coup, une illumination, que dis-je un véritable coup de génie : et si bébé avait la couche sale ? Arrêt sur une aire d'autoroute, sniffage de derrière : eurêka ! La couche est bien souillée. Le problème a donc une solution. Tant qu'à faire, vous faites une vraie pause et intimez à votre bébé de crapahuter, ramper, quatre patter tant qu'il veut, avant de reprendre la route. Le dit-bébé, au lieu de profiter de la pause, reste assis sur son derrière, sans bouger, en pleine observation de ce lieu étrange qu'est une aire d'autoroute. Vous ne l'avez jamais vu aussi calme de sa petite vie ! Au bout d'une demi-heure, il daigne commencer à découvrir le lieu mais c'est évidemment le moment où il faut repartir (parce qu'on n'a pas non plus 3 jours pour faire le trajet, accessoirement). Vous voilà donc repartis et au bout d'un petit quart d'heure, c'est aussi reparti pour les pleurs ! Alors bon, finalement, vous capitulez, vous vous arrêtez à nouveau, vous déménagez les valises du siège arrière au siège avant et vous vous installez à côté de bébé. Vous passez le reste du trajet à chanter, jouer et à faire des cris d'animaux : c'est le prix de la tranquillité. 

Les parents les plus chanceux peuvent avoir un bébé avec l'option "malade en voiture" pour encore plus de péripéties et toujours moins d'ennui !

 

Enfin en vacances ! Eh oui ça y est vous y êtes ! Le logement est nickel, il fait beau, il n'y a plus qu'à profiter. Enfin profiter.... entre 2 siestes, les biberons et les nécessaires moments de jeux de bébé. Ah oui les programmes de vacances ultra chargés de 8h à 18h, on oublie ! La grasse mat' aussi on oublie d'ailleurs. Dormir tout court, on peut oublier. Bah oui, votre amour de bébé n'aime pas le changement et cette nouvelle chambre avec ces nouvelles odeurs (et pour peu qu'il fasse 40°C), très peu pour lui. Alors la nuit, bébé pleure... beaucoup.... et vous vous êtes à deux doigts de dire "on se casse, on rentre chez nous !" Et vous le feriez si le trajet retour ne s'annonçait pas aussi terrible que celui de l'aller. Allez pas d'inquiétude, c'est l'histoire de quelques nuits en théorie (sauf si il fait trop chaud, trop froid, si bébé fait ses dents ou si il est dans une phase de régression du sommeil pile poil pendant votre semaine de vacances tant attendue). Bon, parlons des journées, c'est plus sympa. Déjà on évite de sortir lors des grosses chaleurs et on essaie de respecter les siestes un minimum, ça vous laisse donc une plage horaire de 7h à 9h30 et une autre de 17h à 19h. A partir de là, vous êtes libres comme l'air ! Non, blague à part, il y a moyen de trouver des astuces, type sieste dans la voiture : vous notez que j'arrête de faire ma rabat-joie 2 minutes. 

 

Les 2 minutes étant passées, laissez-moi vous parler de la sortie piscine qui est forcément une bonne idée puisque ça rafraîchit. Vous vous souvenez vos moments à la piscine avant bébé ? Alors dites-vous qu'avec bébé ça sera complètement à l'opposé. La détente ? L'amusement ? Le bronzage ? La légèreté du moment ? On oublie. Imaginez-vous en train de vous refiler bébé dans les bras de l'un à l'autre pendant que chacun se déshabille, alors que bébé gesticule, impatient de découvrir la piscine (il est passé où le bébé immobile de l'aire d'autoroute ???). Imaginez-vous batailler à l'installer dans sa bouée-super-génialissime pendant 10 minutes. Imaginez-vous en train d'engueuler les gamins autour de vous qui balancent des ballons quasi dans la tête de votre progéniture et qui sont aussi calmes que des mammouth enragés. Imaginez-vous au bout de 10 minutes de baignade, ne pouvant plus ignorer que votre bébé vire couleur schtroumpf, et sortir de l'eau en pensant "tout ça pour ça". Imaginez vous, vous essuyer et vous rhabiller à la va-vite avec bébé grelottant à 2 doigts de la transformation glaçon. Voilà, vous y êtes : c'est ça une sortie piscine avec bébé ! Temps d'organisation de la sortie : 30 minutes, temps autour de la piscine (pas à bronzer,  on est bien d'accord) : 30 minutes, temps dans l'eau : 10 minutes. On est loin de l'amusement qu'on s'était figuré. Allez, en prime, une bronchite pour bébé et un petit tour chez le médecin dès le lendemain : "Ça fera 30 euros Madame".

 

Après 3 jours à n'oser sortir que dans le camping au vu de la débâcle lors de l'expérience piscine, vous décidez de prendre votre courage à deux mains et de faire une vraie sortie. Vous êtes préparés à toute éventualité, départ programmé après la sieste du bébé. Comme votre bébé est du genre farceur, ce petit coquin décide de faire une sieste à rallonge pendant que vous poireautez en l'attente du grand départ. Finalement, vous décalez le départ à après le goûter. Merde, voilà pas qu'il se met à pleuvoir. Tant pis ! Vous partez coûte que coûte ! En voiture force est de constater que votre bébé dégage une douce odeur du genre musquée. Eh oui, c'est le moment du caca débordant ! Là, au milieu de nulle part, vous changez votre bébé de la tête au pied dans le coffre de la voiture et sous la pluie ! Allez je vous fais une belle fin : vous allez faire votre visite, le soleil est revenu et bébé n'a pas pleuré ! (J'oublierais presque de vous parler des pleurs de décharge auxquels vous ne couperez pas le soir venu, suite à une journée si remplie... non, allez je me tais !). 

 

Le restaurant. Parce que le jeune parent en vacances est un être qui ne perd jamais espoir, vous tentez une sortie au restaurant "comme avant" (mais avec un bébé en prime). Tout se passe merveilleusement bien. Votre progéniture dans sa chaise haute est tout sourire, vous avez passé la commande, ça s'annonce bon ! Les plats arrivent et c'est à peu près à ce moment-là que bébé se transforme en démon, en tigre, en dragon, en lion... bref, en ce que vous voulez qui s'agite, est incontrôlable et crie très fort. Vous tentez bien de lui sortir des jouets et de lui faire des grimaces, mais son idée à lui, c'est de visiter le restaurant ! En désespoir de cause, vous le déposez par terre et le voyez ramper en tout sens entre les jambes des serveuses qui ne vous font pas que des regards sympathiques ! Somme toute, la gêne, voire la honte, d'embêter clients et professionnels du resto avec votre bébé, n'enlève rien à la beauté du moment : vous mangez au restaurant ! Et le reste, on s'en fout ! Bon, par politesse, il faudra sûrement renoncer au dessert quand même...

 

La semaine de vacances touche à sa fin. Vous rentrez chez vous avec autant de valises sous les yeux que dans le coffre. Vous vous faites déjà une joie de déposer dès lundi votre bambin chez la nounou pour aller vous reposer au travail. Mais surtout, vous êtes comblés de ces premières vacances à 3, pas toujours drôles certes, mais qui laisseront des souvenirs impérissables pour toute votre vie et qui vous ont permis de passer tout votre temps avec votre bébé, ce qui n'arrive pas si souvent que ça dans la vie. Alors on sourit, et on programme les prochaines vacances !

 

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Lettre 11

Ma petite chérie,

Chose promise, chose due. Aujourd'hui, je vais donc te parler des lignées masculines. C'est une lettre bien plus difficile à écrire, sûrement à cause du grand mystère que sont les hommes pour nous les femmes (et inversement !). Là encore, je me contenterai de la partie que je connais et pour le reste, ce sera à ton père de te raconter.

 

Je vais commencer par les hautes branches : tes arrières-grands-pères maternels, mes grands-pères.

Mon grand-père maternel est décédé accidentellement quand ta mamie était toute petite, alors les récits le concernant sont rares. Moi, j'ai juste en tête cette photo qui a toujours trôné sur le buffet chez ma grand-mère, d'un monsieur tout sourire. Il a laissé un grand vide dans la vie de ton arrière-grand-mère et de ta mamie. Je pense que ce vide laissé a joué sur la façon dont mamie a été maman avec moi, sûrement aussi dans son choix amoureux pour papi. Moi j'ai été habitée toute mon enfance par cette angoisse profonde de perdre subitement mes parents, de me retrouver seule, orpheline, et je ne peux pas croire que cela soit sans lien avec ce traumatisme dans la génération précédente. Ma plus grosse crainte en devenant maman c'était que tu vives avec cette profonde angoisse de perte toi aussi, de te la transmettre inconsciemment. Je ne veux surtout pas que tu sois hantée par la peur de nous perdre. C'est sûrement pour ça que j'ai voulu que tu dormes dans ta chambre dès le retour de la maternité, pour éviter qu'on ne soit trop collée, que je te transmette toutes mes peurs et que tu ne saches exister sans moi. Je sais, c'est bête ! Evidemment que le petit être que tu es ne sait pas exister sans moi. Mais, je craignais que tu ne saches grandir en dehors de moi. Et maintenant, j'ai peur d'avoir trop fait l'inverse, de t'avoir transmis le message : débrouille-toi par toi-même ! J'observe ton indépendance du haut de tes 10 mois et je me demande si j'ai bien fait ! Je suis partagée. Car je te sens sécurisée, à explorer le monde tout en vérifiant d'un œil que tes parents sont bien dans ton champ de vision et en même temps, j'aimerais parfois te garder tout près de moi, dépendante. Quelle lutte intérieure je vis parfois ! Je me dis aussi que tu as ton caractère, que tu es unique et que tu ne vivras pas l'histoire familiale comme je l'ai vécu, mais à ta façon particulière, peu importe ce que j'essaie de t'en transmettre. Et puis, je ne maitriserai pas tout et te transmettrai sûrement beaucoup malgré moi.

 

Ensuite, il y a mon grand-père paternel. Je ne sais pas comment te parler de lui correctement. C'était en même temps un grand-père aimant, toujours heureux de voir ses petits-enfants. Quand on arrivait (il faut dire qu'on habitait pas loin), il disait toujours à ma grand-mère "il n'y a pas un petit quelque chose pour les petites ?" : et il y avait toujours effectivement un gâteau, un bonbon, une bille...! J'ai des souvenirs de réunions familiales, de chocolats de pâques cachés dans le jardin et d'apéros tardifs dans la petite cuisine. J'ai aussi ce souvenir d'un été, bien plus grande, où je m'assurais chaque soir qu'il allait bien et où il m'a tant confié. Mais c'était aussi un homme au caractère bien trempé, qui pouvait exploser de colère et se montrer déraisonnable. Il était très fier et attendait une réussite de la part de ses enfants et petits-enfants. Il n'aurait pas fallu le décevoir ! Il n'acceptait pas la faiblesse : ni chez lui, ni chez les autres. Je ne peux pas croire que le regard de mon grand-père n'a pas traversé mon père, et joué sur la pression que je me suis mise et que je me mettrais toujours pour être excellente, ne pas décevoir, ne pas montrer que je peux me tromper. Là aussi, j'espère ne pas te transmettre cette pression inconsciente et que tu pourras être celle que tu désires, libre du regard que les autres porteront sur ce que tu réalises.

 

J'en viens naturellement à ton papi : mon père. Petite, j'étais très fâchée après lui et je l'ai été pendant longtemps. Il était trop absent pour moi et trop présent pour les autres.  En devenant adulte, j'ai compris qu'il avait des projets plein la tête, qu'il avait besoin d'être en action permanente et que c'était ainsi qu'il s'épanouissait et donnait pour sa famille indirectement. Petite, j'ai souvent pensé qu'il ne m'aimait pas, que je devais faire plus pour lui montrer que je valais la peine qu'il passe du temps avec moi. Finalement du temps passé ensemble il y en avait peu, mais j'ai souvenir de moments de joie et de partage. Aujourd'hui la qualité de ces moments priment sur leurs quantités, mais enfant c'était différent. C'est une absence dont j'ai souffert et beaucoup culpabilisé. 

Parfois quand je travaille tard ou que je dois te laisser un peu plus chez la nounou, je m'en veux profondément de ne pas être là pour toi.  Il faut bien travailler certes, mais... un jour tu pourrais me reprocher de passer trop de temps à soigner d'autres enfants au lieu de prendre soin de toi. Alors nos moments ensembles doivent être de beaux moments. J'aime jouer avec toi, te faire rire... et souvent encore, je trouve cela insuffisant. Je cherche l'équilibre : qu'il est dur à trouver ! Ton papa dit souvent que je t'excite trop... c'est pas faux ! Moi j'aime t'entendre rire et j'aime être ramenée en enfance avec toi, faire la fofolle ! Là, je reconnais mon père : son besoin de nous faire rire, de faire des blagues, de se détendre à l'extrême quand il est en famille pour décompresser du sérieux du reste de son temps.

 

J'en arrive naturellement à ton père. Je t'ai déjà beaucoup écrit sur lui et tu auras largement le temps de le découvrir sous toutes ses facettes. Je vais plutôt te parler de mon choix amoureux alors. Quand j'imaginais ma vie d'adulte, je me disais que je voulais un mari présent et des enfants. Au départ, mon choix pour ton père était donc un peu "à côté de la plaque" puisqu'avec son travail, il était très souvent parti. Je me souviens même qu'il m'ait posé la question au tout début de notre relation et que je lui avais répondu que ça ne me posait pas le moindre problème qu'il soit absent plusieurs mois dans l'année. Qu'est-ce qu'on peut se mentir à soi-même ! Evidemment que ça ne me convenait pas. Alors j'étais heureuse qu'il fasse le choix de se reconvertir pour être présent au quotidien. Aujourd'hui, je trouve que j'ai choisi un merveilleux père pour toi : il est présent. Bon, il manque parfois un peu d'humour, mais à nous 2, on réussit à le dérider (sauf quand j'ai trop joué avec toi le soir et que tu refuses obstinément de dormir... là, il ne se déride pas du tout !!!).

 

Ma chérie, ces deux lettres sont un tout petit bout de l'histoire. Je ne vois sûrement que la partie émergée de l'iceberg. Et finalement, ce que je vais te transmettre malgré moi, ceux ne sont pas tant ces choses dont je suis très consciente, que toutes les autres qui m'habitent et que je transmettrai sans même m'en apercevoir. Il y aura du bon et probablement du moins bon. Alors ces lettres seront là pour te rappeler qu'à chaque génération on fait au mieux pour transmettre le meilleur à ses enfants mais qu'on ne maitrise pas tout et que c'est ça, aussi, qui fait la richesse de la vie et de nos liens.

 

Je t'aime,

Maman.

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Pour une enfance heureuse de Catherine Gueguen

1er livre du challenge famille : un documentaire. Autant dire que ce n'est pas encore cette année que je terminerai le challenge, surtout que j'ai des livres à lire qui ne correspondent à aucune consigne. Il faut s'y résoudre : je ne suis pas une aussi grande lectrice que le reste de la famille ! Bon, allez, je vous parle de ce fameux livre documentaire : "Pour une enfance heureuse".

 

4ème de couverture : "Les dernières découvertes scientifiques sur le développement et le fonctionnement du cerveau bouleversent notre compréhension des besoins de l'enfant. Elles démontrent qu'une relation empathique est décisive pour permettre au cerveau des enfants et des adolescents d'évoluer au mieux, en déployant pleinement ses capacités intellectuelles et affectives. Catherine Gueguen nous fait partager ces découvertes et propose des conseils éducatifs pour les parents et les professionnels. Un véritable plaidoyer en faveur d'une éducation bienveillante qui remet en cause nombre d'idées reçues."

 

Mon avis : Je suis partagée. En même temps ce livre est une mine d'informations et c'est très accessible malgré qu'on parle de structures cérébrales, de neurones et tout et tout. On y apprend beaucoup de choses et C. Gueguen fait très bien le lien entre évolution du cerveau et (in)capacité de l'enfant à gérer ses émotions et ses relations, mais aussi conséquences des maltraitances et violences éducatives ordinaires. Bref, je valide ! MAIS... car il y a un mais. Je m'y suis parfois un peu perdue car je trouvais que les choses se répétaient un peu et que finalement prendre les aires cérébrales une par une n'apportait pas grand chose, car le message de fond restait le même. j'imagine que l'idée était de faire un truc très renseigné et avec beaucoup de connaissances scientifiques pour appuyer le propos, mais je trouve que du coup on y perd un peu le propos. Quoiqu'il en soit, ce livre est très intéressant et je trouve cela merveilleux que les neurosciences mettent en lumière ce que la psycho savait instinctivement depuis un bout de temps. Ce n'est donc pas que des trucs de psy perchés ! Ce livre résonne pour moi particulièrement à une période où dans la profession, les instances gouvernementales cherchent à préconiser uniquement l'aspect neuro et mettent en conflit la neuro et les autres pratiques de la psychologie (en particulier la psychologie dynamique)... une grave erreur à mon avis. Croire que l'enfant n'est qu'un cerveau à reconstruire et rééduquer, et occulter l'importance de la parentalité, des relations, des mouvements intra-psychiques, de la part psycho-affective de nombreux troubles, c'est aller droit dans le mur. Pourvu qu'on s'en rende compte prochainement... mais ce sera déjà trop tard pour nombre d'enfants qui paie déjà le poids des politiques actuelles...

Donc, même si je suis mitigée sur l'organisation du livre, le message délivré qui fait particulièrement bien le lien entre évolution du cerveau et environnement, relations aux adultes...etc me semble absolument primordial.

 

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Lettre 10

Ma petite bichette, 

Après des semaines à faire la toupie et à te déplacer en marche arrière, te voilà partie en rampant ! Je n'ai pas les mots pour décrire la force de ma fierté quand je te vois évoluer. Bientôt tu feras du 4 pattes, puis tu te lèveras et tu marcheras ! Quelle extraordinaire aventure ! Peut-être alors, avant que tu ne te mettes à courir, est-ce important que nous revenions ensemble sur les pas de notre famille. Tant que, encore dans mes bras, je te porte, laisse-moi te porter vers tes ancêtres. Je ne te parlerai pas de la famille de ton papa car, même s'il s'agit bien de ton histoire aussi, ce n'est pas la mienne et je n'aurais pas les mots pour te la transmettre. Ce sera à papa, un jour, de te la raconter. Mais je peux te parler de ta branche maternelle, celle qui fait la moitié de ton arbre généalogique. T'ai-je dit qu'un an avant d'être enceinte de toi je me suis formée au génogramme ? C'est un arbre généalogique utilisé pour travailler sur l'histoire familiale. Le formateur nous a dit que personne ne choisissait cette formation au hasard. Etais-je là pour toi ? Pour penser mieux les branches dont tu hériterais à travers moi ? Sûrement. Même si, à ce moment-là je n'en avais pas conscience et je m'étais dit "bah moi je suis là pour le travail !".

 

Aujourd'hui, je veux remonter avec toi les lignées féminines. Nous parlerons des (arrières-(grands-))pères une autre fois. Je vais commencer par ce que je sais de certitude pour l'avoir vécu. Je suis née à l'orée du printemps au début des années 90. J'étais la 3ème, la petite dernière de la fratrie. Mes parents étaient donc des parents aguerris qui savaient très bien où ils mettaient les pieds avec le nouveau bébé que j'étais. Et puis, une troisième fille alors c'était vraiment sans surprise ! Pourtant ma naissance est venue bouleversée l'ordre familiale. Ma mère, selon les droits possibles à l'époque, a décidé de prendre sa retraite à ma naissance pour s'occuper de mes soeurs et moi. Elle cessait donc toute activité professionnelle pour se consacrer à 100% à ses enfants. Je ne connaitrais donc pas les levés matinaux car papa et maman partent au travail, ni les nounous et autres garderies. Ma première expérience en dehors du cocon familial, ce sera l'école. Un autre événement qui a marqué le lien à mes parents, ce sont les responsabilités supplémentaires que mon père a endossé à partir de mes 6ans et qui l'ont rendu moins disponible, plus absent. J'étais donc une fille à maman avec tout ce que cela a de positif et de négatif ! Je crois que cette histoire m'a rendue moins autonome, plus méfiante de ce monde extérieur que j'avais peu expérimenté. Ca m'a aussi donné une certitude absolue : la famille avant tout ! Je voulais être mère comme ma mère et j'avais la certitude dès ma plus tendre enfant que c'était là le plus beau métier du monde. Ma mère peut avoir cette fierté de nous avoir prouvé à mes sœurs et moi, qu'être maman c'est bien et c'est épanouissant. J'ai aussi intégré que c'était un boulot à plein temps qui demandait une grande abnégation. Sauf que, je suis devenue mère en 2020, à distance des années 90, et que les mamans d'aujourd'hui ne partent plus à la retraite dans leur trentaine. Alors, il m'a fallu renoncer à cette image d'Epinal : moi, entourée de mes enfants, à les élever au quotidien, à leur apporter amour et sécurité chaque seconde de chaque jour. En même temps, parce que je suis consciente de mes difficultés face à l'inconnu, je suis heureuse de t'offrir du temps en dehors de la maison. Mais... il y a cette petite voix qui me dit : fais-tu tout pour ta fille ?  Est-ce suffisant ? Ne pourrais-tu être plus présente ?  Plus à la hauteur ? A la hauteur... de qui ? de quoi ? de ma mère ? de mes parents ? de mes grands-parents ?

 

Ma mère a donc fait le job à 100% et moi, à ma place de petite dernière je culpabilisais de la laisser une fois devenue grande. Elle avait laissé de côté sa vie professionnelle avec ma venue et voilà que je la laissais pour vivre ma vie de grande. Et elle, qu'allait-elle faire sans ses enfants à élever ? Comment allait-elle se réinventer ? Et d'ailleurs, pourquoi a-t-elle fait ce choix ? Je ne parle pas de la logique financière et organisationnelle qui a été celle de mes parents dans les années 90, mais des raisons inconscientes qui font qu'elle a accepté d'être maman à temps plein, là où la vie aurait sûrement pu lui réserver d'autres belles surprises.

 

Passons à la génération suivante. Mes grands-mères, tes arrières-grand-mères maternelles sont des femmes exceptionnelles et exceptionnellement dévouées à leur famille. C'est ainsi que je me les suis toujours représentées. Ma grand-mère maternelle s'est retrouvée veuve alors qu'elle était enceinte de son 7ème enfant. Elle s'est démenée à élever ses 3 filles et 4 fils tant bien que mal, à une époque où personne n'aurait vu à redire si elle avait fait le choix de les abandonner. Elle a vécu des pertes et des traumatismes. C'est une battante, de celles qui ne se laissent pas abattre par les événements de la vie et ce serait bien gardée de se plaindre. Elle a fait le choix de mettre sa vie de femme entre parenthèse le temps d'élever ses enfants, d'en faire des adultes responsables qui quitteraient la maison. En vieillissant, ses blessures sont ressorties, elle porte souvent un regard triste sur sa vie. Pourtant, elle reste battante et se porte sacrément bien pour ses 91 années, quoiqu'elle en dise. J'imagine que cette histoire familiale a pesé sur la façon dont ta grand-mère a été maman avec moi et mes soeurs, sur le choix de nous consacrer tout son temps, sur la façon dont elle a investi sa maternité.

 

Quant à ma grand-mère paternelle, c'est une femme discrète et dévouée. Peut-être que je me trompe mais j'ai cru comprendre, dans les bribes de discussion que nous avons eu, qu'elle avait des rêves de ville et de vie sociale citadine, auxquels elle a renoncé pour vivre à la campagne, remplir son rôle d'épouse, de mère et de femme au foyer. Je dirais que la vie la rendue petite. Elle avait cette fratrie solaire : ils avaient tous des rides plein les yeux et les commissures des lèvres tellement ils étaient souriants. J'imagine qu'elle a grandi dans une famille où il y avait de l'amour et de la joie. Ma grand-mère avait un grand sens de l'humour mais elle se taisait souvent. Maintenant, sa mémoire s'en va et il sera difficile d'en savoir plus sur qui elle était. Elle a eu 4 enfants, 3 grands et puis un petit dernier. Peut-être pour lutter contre une certaine solitude : ce petit dernier qui resterait quand les grands seraient partis et qui continuerait à animer son quotidien. Ou n'est-ce qu'une répétition familiale car il y a aussi un petit dernier dans la grande fratrie de ma grand-mère lequel a un écart d'âge important avec ses frères et sœurs ? 

 

J'aurais bien du mal à remonter encore les générations. Mais il y a deux femmes dont je veux tout de même te parler. La première c'est mon arrière-grand-mère maternelle : la mère de mon grand-père maternelle. Cette femme est un mystère pour moi. Je crois qu'on m'a déjà raconté plusieurs fois l'histoire mais tout ce que j'en retiens c'est qu'elle a laissé ses enfants à d'autres pour les élever pendant qu'elle est partie vivre sa vie de femme ailleurs. On a beau m'avoir raconté pourquoi , je ne retiens pas. C'est une arrière-grand-mère que je ne comprends pas. Il y a toutes ces femmes dévouées à leurs enfants au sein de notre famille et puis il y a elle, qui n'a pas vu une source d'épanouissement dans la maternité, qui n'y a vu qu'un frein à son existence et a fait le choix de l'abandon. Je n'arrive pas à l'intégrer à notre lignée. Il faut que j'aille voir l'arbre généalogique pour me souvenir de son prénom. C'est l'absente, celle que je juge sûrement trop durement pour n'avoir pas fait son job. Elle était veuve, c'était une autre époque, certes. Mais non, vraiment je ne peux comprendre. L'autre femme, c'est celle qui a élevé mon grand-père : sa tante par alliance. Dans la famille, on en parle comme de la "mère Hélène". Dans mon enfance, je me souviens avoir souvent entendu parler de la mère Hélène et du père Jules. Et c'est bien plus tard que j'ai compris qui ils étaient. Ce sont ceux qui ont donné un avenir à mon grand-père et ainsi à toute notre lignée. Alors avec toi, ma petite Hélène, sûrement la boucle est-elle bouclée ! Ton prénom était un choix du coeur. Il était déjà choisi quand je me suis souvenue de la mère Hélène. Est-ce une façon inconsciente de lui rendre hommage ? De te transmettre à toi cette bonté qu'elle devait posséder pour accepter de recueillir les enfants de sa belle-soeur, de les élever et de les aimer ? Peut-être est-ce ma façon de te dire que je veux m'inscrire dans la lignée des femmes qui donnent le meilleur à leurs enfants, qui les aime inconditionnellement et restent à leur côté quelque soient les épreuves de la vie ; et que je te souhaite, un jour, de t'inscrire toi aussi dans cette belle lignée.

 

Ta maman qui t'aime.

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Lettre 9

Ma petite chérie,

 

J'aimerais t'écrire des choses essentielles, des choses importantes que peut-être on oublie de dire au quotidien. Depuis quelques mois, tu es notre petit soleil dans la maison. Dès que tu nous vois, dès qu'on s'adresse à toi, un sourire resplendissant apparait sur ton visage et illumine les nôtres par la même occasion. Le bonheur que nous ressentons ton papa et moi depuis ta naissance est décuplée. Je ne pensais pas que tu nous apporterais autant. Et c'est de cette joie dont je veux te parler.

Tu verras qu'en grandissant, on perd un peu de cette joie. On continue de ressentir des moments de bonheur, mais on ne sourit plus de toutes ses dents (en l'occurence pour toi à ce jour : 2 !) dès qu'on voit quelqu'un qu'on aime. On n'exprime plus sa joie aussi clairement. Parfois même, on retient nos éclats de rire, nos envie de s'amuser, de jouer, de rigoler... parce que ce n'est pas le moment, parce qu'on a grandi, parce qu'on devient mature. "Mature" sonne presque comme un gros mot quand je te vois. Quelle tristesse d'oublier ce que peut être une vie de rires et d'amusement, pour se cantonner au sérieux et à la vie de grand. Alors, toi, ta venue dans nos vies, ta spontanéité, ta joie communicative, tu nous rends un peu de notre enfance lointaine. A ton contact, on a le sourire facile, on rit à gorge déployée, on joue, on fait des cris d'animaux, on se met à 4 pattes, on fait des bruits de bouche... parfois ton papa dit que je t'excite de trop... c'est sûrement vrai. Mais à ton contact, je retrouve ma joie d'enfant et j'adore cela.

 

Un jour, toi aussi, tu vas grandir, tu voudras être mature, plus sérieuse. Tu auras peur du ridicule, du regard des autres. Et tu abandonneras sûrement, comme je l'ai moi-même fait, une part de cette joie infantile facile et si efficace.

Ce que je veux te dire aujourd'hui, c'est de ne jamais devenir trop sérieuse. Grandir heureux, c'est aussi garder une part d'enfance, une part d'autodérision, d'amusement, de capacité à s'étonner, à rêver, à rire, à régresser.

 

Il y a quelques temps, avec ton père, on a regardé un dessin animé. Le genre de dessin animé plus fait pour les adultes que pour les enfants à vrai dire. Le message c'était que parfois, à force de vouloir atteindre un objectif de vie, de vouloir à tout prix réaliser un rêve, on en oublie les joies simples qui font le quotidien. Là, maintenant, du haut de tes 8 mois, tu as ça : tu n'as pas de grands rêves difficiles à réaliser et qui te plomberaient le moral, tu n'as que l'émerveillement des petits bonheurs et de la découverte. Garde-le, toujours. Cette capacité est un bien précieux que bien trop d'adultes laissent sur le chemin de l'enfance. Je crois qu'ils finissent tristes et aigris. Alors, oui, ma chérie, rêve grand, rêve toujours grand, mais apprécie le petit. Apprécie le soleil qui chauffe ta peau en été et l'odeur de la pluie, le bruit des pas qui crissent dans la neige et le doux son du vent dans les branches. Apprécie les moments avec tes proches, aussi simples soient-ils. Apprécie la bonne nourriture et les loisirs faciles. Apprécie le déroulement d'une journée ordinaire : la joie de se réveiller naturellement, d'ouvrir ses volets et de découvrir le temps dehors, de prendre un bon petit déjeuner, d'écouter de la musique, d'aller de découvertes en découvertes à l'école ou dans la vie professionnelle, de rencontrer les autres, de se détendre avec un bon livre ou un bon film, de partager du temps avec ceux qu'on aime et de se sentir aimé, de retrouver le soir venu la détente d'une bonne douche et d'un lit douillet, de s'endormir plein de rêves pour le lendemain. Bref, tes grands rêves se réaliseront un jour. En attendant, aime la vie, rie, joue, découvre et délecte-toi des petits bonheurs quotidiens. 

 

Merci ma chérie pour ce surplus de bonheur et pour ces joies d'enfance que tu as apporté dans notre maison. On se régale chaque jour du son merveilleux de tes rires et de ton regard pétillant sur la vie.

Je t'aime, 

Maman.

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Lettre 8

Ma petite excitée chérie, 

Eh oui c'est pas hyper classe, mais ton surnom du moment c'est "ma petite excitée" ou "ma petite agitée". Tu vas tranquillement sur tes 8 mois et tu ne tiens pas en place ! La vie a l'air particulièrement frustrante pour toi : clairement tu voudrais courir, avancer, bouger, gigoter et ton corps est encore si limité ! Et quand ce n'est pas ton corps, ce sont nos bras qui limitent tes explorations. Mais tu évolues de jour en jour et c'est un merveilleux spectacle. On te sent curieuse, avide de découvrir le monde et de pouvoir profiter de toutes tes capacités. Puisses-tu garder cet appétit pour la découverte, cet entrain face à la nouveauté : c'est une super qualité ! Sais-tu que pour moi chaque changement me demande des efforts incroyables pour lutter contre mes angoisses ? J'aimerais faire des choses nouvelles et je suis sans cesse stoppée dans mon élan : trop dangereux, trop grosse prise de risque, trop peur de me planter, trop timide,... je me mets tellement de limites que je pourrais rester dans une situation inconfortable mais connue, plutôt que de me confronter à l'inconnu. Alors non, vraiment, j'espère que tu ne me ressembleras pas sur ce point. Mais bon, je me soigne ! Ton papa est d'une grande aide, car il me redonne confiance quand je doute et me pousse vers plus de nouveauté. Il se prend vachement moins la tête que moi ! Sûrement qu'en te voyant grandir parfois il faudra que je ferme les yeux, que je respire et que je garde mes angoisses bien au fond de moi, pendant que tu iras tranquillement découvrir de nouvelles choses. Et, si parfois je ne réussis pas à retenir un "Mais tu ne te rends pas compte ! c'est bien trop risqué ! Tu ne peux pas faire ça !", sache que derrière cette phrase se cachera toujours un "je suis profondément fière de toi pour tout ce que tu entreprends : ta pauvre mère n'en aurait pas fait le quart". Alors ne me laisse pas te freiner.

 

Je t'aime ma petite fille vive et curieuse,

Maman.

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Elever un enfant dans les règles de l'art ou comment s'arracher les cheveux.

Maternage proximal (allaitement à la demande, portage physiologique, co-dodo, peau-à-peau...), DME, langue des signes adaptée au bébé, motricité libre, bain libre, méthode Montessori, éducation positive, parentalité bienveillante,  couches lavables, petits pots faits maison,... vous aussi votre tête vient d'exploser ?? Ah ! Je ne suis donc pas la seule. Bienvenue dans le monde incroyable (pas incroyable-merveilleux, plutôt genre incroyable-arrachage-de-cheveux) de la parentalité ! Pour les déjà chauves, vous savez que les questions autour de la parentalité sont innombrables et quand tu as répondu à 1, il y en a 10 autres à venir. La parentalité est un questionnement permanent. Peut-être d'ailleurs que si on ne vivait pas dans ce siècle-là, avec la quantité d'informations à notre portée, on se prendrait beaucoup moins la tête ! Personnellement, je n'ai pas souvenir que mes parents se soient particulièrement arrachés les cheveux. Et d'ailleurs, quand j'en parle avec ma mère, elle me dit souvent "ohlala on faisait/ne se demandait pas tout ça à notre époque !". Ouais, les parents du 21ème siècle sont masochistes à priori... car on ne peut que constater (en toute modestie) que mes parents, sans s'arracher les cheveux, ne se sont pas complètement plantés. Il y aurait donc eu moins de pression sur les parents des générations précédentes ?? Ou tout du moins une pression différente. Il y a aujourd'hui une pression de fou sur les parents : il faut faire ceci et pas cela. En plus de ce que renvoient les bouquins et les réseaux sociaux en terme d'informations sur l'éducation, on ajoute la génération précédente qui y va de ses conseils "plus traditionnels" et qui finissent par te faire douter du bienfait de tous les trucs à la mode. D'où sûrement l'explosion de cerveau et l'arrachage de cheveux (je ne vous dis pas la tête !).

Si l'éducation des enfants a tellement évolué ces 70 dernières années c'est tout de même pour la bonne cause. Effectivement, les recherches ont commencé à s'intéresser au bébé et à l'enfant. Celui dont on croyait qu'il ne comprenait rien, ne ressentait rien et, au pire, ne se souviendrait de rien, est passé sur le devant de la scène. Ca a commencé avec des phrases accrocheuses du style "tout se joue avant 6ans" et des découvertes sur les ressentis du bébé in utéro. Ah merde ! S'il ressent in utéro c'est sûrement pas un truc qui s'arrête à sa naissance ! Petit à petit, on a donc découvert que le monde du bébé était aussi riche, voire plus, que celui des adultes et que ce petit être fragile n'était pas juste un truc à nourrir, changer et faire pousser jusqu'à ce qu'il daigne avoir un cerveau. Eh non ! Oh quel étonnement ! Ces petites bêtes naissent avec un cerveau ! Les neurosciences, la médecine, la pédiatrie, la pédopsychiatrie... branle-bas de combat ! Tout le monde s'y est mis pour découvrir quel être déjà si riche était le petit bébé. Nous voilà donc avec une tonne de savoirs sur le bébé et... pas une once de savoir-faire pour s'en occuper en fonction de ces nouveaux savoirs. Il faut tout remettre à 0, tout penser différemment, tout renier en bloc de l'éducation traditionnelle des années 50. C'est donc de là que sont venus de plus en plus de nouvelles méthodes éducatives et avec elles les nombreux questionnements. A cela s'ajoute, l'évolution de la planète et des connaissances sur l'humanité, l'écologie, la technologie, la sociologie... et là encore, on essaie de suivre le mouvement pour que nos enfants partent bien dans la vie. Résultat des courses, élever un enfant devient un travail à plein temps. C'est sûr que ça demandait beaucoup moins d'investissement quand on ne faisait que le nourrir et le changer (je caricature...). Alors est-ce qu'on se galère ? OHHHH OUI ! Et est-ce qu'on aime ça ? Bah apparemment oui, puisqu'on continue à peupler la planète (ouais ok, on a peut-être un peu ralenti le rythme quand même).

 

Quelle pression donc pour les parents ! Et quelle pression pour les enfants !! Bah oui, à une époque où on investissait pas trop en eux, les enfants devenaient ce qu'ils devenaient (réussite ou échec) et voilà, c'était le résultat de la nature en quelque sorte. Mais aujourd'hui, avec des parents qui s'investissent corps et âme pour leur progéniture, ces petits êtres ont intérêt à être réussis ! Merde alors ! On va pas se creuser les méninges, les mettre au centre de nos vies (et donc nous mettre en périphérie), leur donner tout et encore plus, pour un résultat moyen ou pire, médiocre. Il faut un retour sur investissement ! Alors oui, pauvres enfants... quelle pression ! Ils n'auront probablement jamais eu dans l'histoire de l'humanité un tel poids sur les épaules.

Alors comment faire ? Comment élever les enfants du 21ème siècle en leur donnant le meilleur sans leur demander d'être parfait en retour ? Comment en prendre soin sans les mettre à une place narcissique (ou enfant roi et/ou enfant qui se doit d'être parfait) ? Peut-être revenir aux bases : accepter de n'être qu'un parent suffisamment bon pour que l'enfant puisse se permettre de n'être qu'un petit être imparfait lui aussi. Accepter donc de ne pas être un parent parfait et arrêter de s'arracher les cheveux. Pas facile ! La pression sociale est forte ! 

Vous entendez parler d'une méthode (parfois une mode) éducative ? Regardez, renseignez-vous, demandez-vous si ça vous parle, si ça vous plaît, si vous avez envie de le faire avec votre bébé. Si la réponse est "oui", alors on y court ! Si la réponse est "pff si c'est pour son bien", bah laissez tomber ! Il n'y a pas 3000 impératifs pour s'occuper d'un bébé en dehors des soins de base : l'aimer, le considérer comme une personne à part entière, et en savoir un minimum sur ses particularités d'enfants (eh oui, l'enfant est différent de l'adulte et ne fonctionne donc pas comme l'adulte). A partir de là, tout devrait bien se passer et le reste c'est parfois du bonus, parfois des clefs pour ouvrir des portes facultatives, mais surtout pas des obligations. Alors surtout, on ne culpabilise pas de ne pas avoir pu, pas avoir eu le temps ou l'envie de faire telle ou telle chose. Être un bon parent c'est peut-être avant tout se questionner sans se flageller. 

 

PS : cet article s'adresse à moi-même... note à moi-même : se souvenir d'accepter d'être une maman imparfaite !

 

 

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Lettre 7

Ma grande chérie, 

J'aimerais te parler de cette relation si particulière qu'entretiennent les mères et leurs filles, faite de proximité, de complicité, d'identification, mais aussi de conflits et de rivalités. Je ne peux parler que de ce que je connais : notre relation mère-fille naissante depuis 6mois, et la relation que j'entretiens avec ma mère depuis 30ans. Mon expérience est donc maigre en la matière !

 

Ce que je sais, c'est que les relations mère/fille n'ont rien de simple ou de banal. C'est une perpétuelle co-construction. Je ne pourrais te décrire la relation à ma mère en un mot. Il y a tellement de vécus, de ressentis et d'ambivalence ! Ce n'est jamais tout noir ou tout blanc. C'est une relation faite de nuances de gris : du gris très clair au très foncé en fonction des moments de la vie. 

 

Pour être plus juste, je dirais que c'est une relation patchwork avec des beaux morceaux bien colorés et d'autres moins folichons ! L'important ce n'est pas tant que tous les morceaux soient beaux, l'important c'est que le tout tienne bien ensemble, que ce soit du solide, que surtout surtout ça ne se découse pas et que ça ne tombe pas en lambeaux. C'est vraiment ainsi que je vois les 2 relations mère/fille que je connais intimement. Eh oui ma chérie, tu n'as que 6 mois et j'aimerais te dire que notre relation est merveilleuse de A à Z. Mais non, il y a déjà des nuances, des moments d'ambivalence. Et puis c'est bien comme ça. Une relation idéalisée serait un patchwork cousu de fil blanc : un petit accroc et tout tomberait en morceaux. Dis-toi bien ma chérie que parfois je vais te soûler, te mettre en colère, que tu passeras par l'âge où tu me trouveras con. Et ce sera réciproque : parfois tu me fatigueras, tu me facheras et viendra un jour où je dirai que tu traverses l'âge bête. Mais, pas la peine de culpabiliser, si on a bien travaillé en amont, nos colères et nos raz-le-bol l'une envers l'autre seront passagers. Finalement, même dans les périodes les plus grises foncées, l'amour, la confiance et le respect seront toujours là. Et on finira par s'accepter, mère et fille, avec nos qualités et nos défauts. C'est ainsi que j'espère notre relation.

 

C'est aussi ainsi que je perçois ma relation à ma mère. D'ailleurs, je trouve que cette relation a évolué depuis ta naissance. Dans les faits, c'est peu visible, mais intimement c'est différent. Je comprends mieux ses choix, ses façons d'être. Maintenant que je suis dans ses chaussures de maman, je comprends mieux ce que je pouvais lui "reprocher" -le terme est sans doute trop fort- de mon enfance ou de sa façon d'être mère. Je dirais que ça modifie le patchwork : que ce qui était gris foncé s'éclaircit un peu. Et puis, j'observe ce patchwork, je l'examine pour ne pas le reproduire à l'identique avec toi, mais pour en garder le bon et sa solide construction. 

 

Je nous souhaite un beau patchwork, bien coloré, avec des morceaux resplendissants et d'autres un peu plus ternes. Je nous souhaite surtout des coutures propres et solides, des coutures en fil d'or pour ce lien si fort qui nous unit. Mais des coutures ni trop serrées, qui nous empêcheraient d'exister l'une sans l'autre, ni trop lâches, qui traduiraient un manque d'attachement et de confiance. Juste un beau lien à co-construire au quotidien dans ton enfance, à préserver dans ton adolescence et à sublimer quand tu seras adulte. 

 

Je t'aime, 

Maman.

 

 

 

 

 

 

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La peinture propre

Ca y est, nous avons commencé les activités artistiques avec notre petite Bichette. Pour la fête des grand-mères, nous avons testé la peinture propre. Je ne me voyais pas laisser Bichette peindre avec les mains. Car tout ce qui passe dans ses mains, passe dans sa bouche... et même avec de la peinture adaptée aux petits, je ne trouvais pas ça terrible... J'ai bien pensé à la peinture au yaourt mais je doute de la longévité de l'oeuvre ! Et finalement, j'ai trouvé l'idée de la peinture propre : peindre avec ses mains, sans en avoir sur les mains, c'est merveilleux, non ?

Pour se faire : facile. Une feuille blanche un peu épaisse (genre bristol), de la peinture de couleur, un grand sac congélation et du scotch. Une image parlera sûrement mieux qu'un long discours alors je vous laisse découvrir sur les images suivantes.

La peinture propreLa peinture propre
La peinture propre

Bichette est une artiste, ça ne fait aucun doute !

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