Mon petit bonhomme,
Te voilà déjà si grand mon tout petit ! Tu vas sur tes 8mois et je voudrais que le temps ralentisse un peu. J'aimerais t'embobiner comme les chinois que tu arrêtes de grandir mon petit géant ! Mais voilà déjà que je sors les vêtements en 18 mois... ne veux-tu pas me préserver et rester encore mon bébé ? A priori ce n'est pas dans tes plans ; déjà tu ne veux te tenir que debout et traverser la maison en courant pour suivre ta soeur. Ca va vite, si vite ! Et pourtant ces premiers mois je ne les ai pas en adoration. C'est si compliqué un bébé... on ne comprend jamais quel est le problème. On tente des trucs. J'ai cette impression d'être une scientifique, de faire des expériences pour voir ce qui marche et trouver enfin ce qui joue sur ton sommeil, ton appétit, ta bonne humeur... Il nous faudrait le décodeur ! As-tu mal ? as-tu faim ? as-tu juste besoin d'un câlin ? Les 3/4 du temps je me sens si impuissante ! Et j'espère, je croise les doigts, pour ne pas trop mal faire... pour ne rien impacter définitivement, que mes erreurs soient anecdotiques.
Quand je suis devenue maman de ta soeur, ça a été une révélation : j'étais faite pour ça, pour être mère. Je ne dis pas que tout a été simple, car il y a eu aussi du doute et des erreurs, des essais et des échecs, des questionnements et des discussions infinies pour trouver les bonnes solutions que définitivement on ne trouvait pas. MAIS, j'étais bien, épanouie dans ce nouveau rôle et j'avais cette certitude profonde qu'élever des enfants était fait pour moi.
Et puis te voilà ! Tu bouscules tout ! Je croyais que le 2ème ce serait facile parce qu'on sait, on connait déjà ce que c'est qu'un bébé, on sait quelles vont être les difficultés. J'avais tort ! Tu m'as surprise de toutes les manières possible. Là où j'attendais les difficultés, elles ne sont pas venues ; là où j'étais sûre de mon coup, ça a été difficile comme jamais je n'aurais pu l'imaginer. J'aimerais dire que tu es un bébé facile et parfait. Tu es parfait, oui, mon parfait petit garçon, mais qu'est-ce que tu es difficile ! J'ai été dans des phases tellement sombres avec toi et je ne doute pas que ça arrivera encore. J'ai pleuré d'épuisement, j'ai eu tellement plus de pensées négatives, les fameuses "phobies d'impulsion". Pour Hélène, ça m'était arrivé une seule fois. Je savais que ça existait et j'ai accepté cela. Pour toi, c'est arrivé, souvent, et j'en ai beaucoup culpabilisé. Mais au final, le jour finit par se lever, balayant mes pensées négatives, et je te retrouve mon adorable et parfait petit garçon. N'empêche que je me suis souvent dit ces derniers mois : "mais en fait, non, je ne suis pas du tout faite pour être mère et élever des enfants !".
Hélène a fait de moi une mère, m'a fait connaitre le meilleur de la maternité, ce truc qu'on maitrise, qui roule comme sur des roulettes, et j'ai adoré cela. Tu as fait de moi une maman avec toutes les fragilités possibles, avec les peurs et les pleurs, avec les nécessaires remises en questions. Je pleure encore la nuit quand tu ne dors pas des heures entières, mais je suis sereine et je sais. Je sais que c'est là mon rôle, je sais que ça va passer, et je ressens ce bonheur immense : cette chance, d'être là en train de pleurer au milieu de la nuit parce que j'ai 2 enfants qui m'épuisent de bonheur. C'est exactement ça : vous m'épuisez de bonheur. J'ai changé, j'ai lâché prise, j'ai arrêté de calculer tout, j'ai appris à vivre au jour le jour et à me délecter de chaque instant auprès de toi et de ta soeur. Tu as fait de moi une maman et Hélène peut t'en remercier car j'ai lâché prise avec elle aussi, je l'ai enfin rencontrée comme je ne l'avais pas encore fait depuis sa naissance. Quand tu es né, je disais "j'aime mes 2 enfants, mais le lien est différent". Maintenant, je peux le dire : j'aime mes 2 enfants et le lien évolue avec chacun, s’emmêle, se noue et se dénoue sans cesse pour mieux se renouer différemment : c'est le plus beau de la parentalité. J'adore cela.
Un jour peut-être seras-tu père, alors ce qui suit est pour le papa que tu seras : en parentalité tout est toujours une surprise, rien ne se déroulera comme tu l'as prévu, tout loupera un peu et tout réussira malgré tout. Finalement, tout passe, tu oublies le pire, tu ne retiens que le bon, tu grandis, tu changes et tu aimes comme jamais tu as aimé, à t'en faire exploser le coeur.
Je t'aime mon grand garçon (ralentis un peu s'il-te-plait),
Maman.