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Lettre 7

Ma grande chérie, 

J'aimerais te parler de cette relation si particulière qu'entretiennent les mères et leurs filles, faite de proximité, de complicité, d'identification, mais aussi de conflits et de rivalités. Je ne peux parler que de ce que je connais : notre relation mère-fille naissante depuis 6mois, et la relation que j'entretiens avec ma mère depuis 30ans. Mon expérience est donc maigre en la matière !

 

Ce que je sais, c'est que les relations mère/fille n'ont rien de simple ou de banal. C'est une perpétuelle co-construction. Je ne pourrais te décrire la relation à ma mère en un mot. Il y a tellement de vécus, de ressentis et d'ambivalence ! Ce n'est jamais tout noir ou tout blanc. C'est une relation faite de nuances de gris : du gris très clair au très foncé en fonction des moments de la vie. 

 

Pour être plus juste, je dirais que c'est une relation patchwork avec des beaux morceaux bien colorés et d'autres moins folichons ! L'important ce n'est pas tant que tous les morceaux soient beaux, l'important c'est que le tout tienne bien ensemble, que ce soit du solide, que surtout surtout ça ne se découse pas et que ça ne tombe pas en lambeaux. C'est vraiment ainsi que je vois les 2 relations mère/fille que je connais intimement. Eh oui ma chérie, tu n'as que 6 mois et j'aimerais te dire que notre relation est merveilleuse de A à Z. Mais non, il y a déjà des nuances, des moments d'ambivalence. Et puis c'est bien comme ça. Une relation idéalisée serait un patchwork cousu de fil blanc : un petit accroc et tout tomberait en morceaux. Dis-toi bien ma chérie que parfois je vais te soûler, te mettre en colère, que tu passeras par l'âge où tu me trouveras con. Et ce sera réciproque : parfois tu me fatigueras, tu me facheras et viendra un jour où je dirai que tu traverses l'âge bête. Mais, pas la peine de culpabiliser, si on a bien travaillé en amont, nos colères et nos raz-le-bol l'une envers l'autre seront passagers. Finalement, même dans les périodes les plus grises foncées, l'amour, la confiance et le respect seront toujours là. Et on finira par s'accepter, mère et fille, avec nos qualités et nos défauts. C'est ainsi que j'espère notre relation.

 

C'est aussi ainsi que je perçois ma relation à ma mère. D'ailleurs, je trouve que cette relation a évolué depuis ta naissance. Dans les faits, c'est peu visible, mais intimement c'est différent. Je comprends mieux ses choix, ses façons d'être. Maintenant que je suis dans ses chaussures de maman, je comprends mieux ce que je pouvais lui "reprocher" -le terme est sans doute trop fort- de mon enfance ou de sa façon d'être mère. Je dirais que ça modifie le patchwork : que ce qui était gris foncé s'éclaircit un peu. Et puis, j'observe ce patchwork, je l'examine pour ne pas le reproduire à l'identique avec toi, mais pour en garder le bon et sa solide construction. 

 

Je nous souhaite un beau patchwork, bien coloré, avec des morceaux resplendissants et d'autres un peu plus ternes. Je nous souhaite surtout des coutures propres et solides, des coutures en fil d'or pour ce lien si fort qui nous unit. Mais des coutures ni trop serrées, qui nous empêcheraient d'exister l'une sans l'autre, ni trop lâches, qui traduiraient un manque d'attachement et de confiance. Juste un beau lien à co-construire au quotidien dans ton enfance, à préserver dans ton adolescence et à sublimer quand tu seras adulte. 

 

Je t'aime, 

Maman.

 

 

 

 

 

 

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T'as du boulot couturière, pour des décennies ;-)
Répondre
Moi qui ne sais pas coudre ????????