La semaine dernière, je vous expliquais que j'avais fait plusieurs projets de naissance, dont un adressé au papa. Etrange, oui, certainement un peu. Mais en fait, on attend des trucs des papas, mais on ne sait pas vraiment quoi et eux ne savent pas vraiment trop non plus ce qu'ils sont sensés faire dans l'affaire, voire ils flippent carrément. C'est après la naissance de bichette que je me suis dit qu'il avait manqué un pan à notre préparation pour cet accouchement : mon chéri avait retenu comment soulagé mes douleurs et l'avait fait à merveille, mais il était moins au point sur ce qui peut aider le travail. Quant à moi, j'avais les connaissances du fait de mes lectures, mais je n'étais plus en état de penser. Lui et moi, on a compté sur les sages-femmes mais... ce jour-là elles n'étaient pas du tout disponible pour m'accompagner dans mon projet d'accouchement physio. Du coup, cette fois-ci, je pars du principe qu'on ne peut compter que sur nous 3 : bébé, moi et le papa, chacun accompagnant, épaulant et encourageant le niveau du dessous.
Je vous partage donc ce projet de naissance adressé à mon cher et tendre. C'est en même temps très intellectuel et en même temps très intime. Mon chéri trouve que je lui mets un peu la pression ! Et... il a un peu tiqué sur la stimulation des mamelons 🤣 moi je me marre, vous pensez bien !
Guide du super mari pour la naissance
Mon chéri, ta femme est chiante mais c'est ainsi que tu l'aimes. Tu sais combien la naissance d'Hélène m'a laissé un goût amer et combien je désire aller au bout du projet d'accouchement physiologique pour notre petit garçon. Pour résumer mon désir, je ne souhaite pas être accouchée par une équipe médicale, mais que nous donnions naissance ensemble à notre enfant et que l'équipe médicale soit là pour superviser le tout. Tu sais comme moi que les moyens hospitaliers ne permettent pas l'accompagnement de rêve que je voudrais et l'accouchement à domicile étant exclu, alors c'est sur nous qu'on peut compter. Je crois en moi et en mes capacités à donner naissance naturellement à notre enfant, mais je sais aussi que le jour de la naissance je serai dans un état de fragilité particulier. Alors je compte sur toi pour être mon roc, celui sur qui je peux me reposer, compter, celui qui m'épaulera, me boostera, et fera avec moi le bout de chemin que je n'aurais pas la force de faire seule. Concrètement, voici ce que j'attends de toi.
Tout d'abord, et tu le sais car on en a beaucoup parlé : interdiction formelle de me laisser seule une fois le travail débuté (sauf si je te dis clairement que je veux que tu me lâches les baskets). Je t'invite donc à prévoir ton petit sac de maternité avec des vivres pour quelques heures ou quelques jours ou à te faire livrer des McDo. Tiens tant que j'y pense, n'oublie pas ton inconfort en salle de naissance pour Hélène : pense à un petit coussin ou autre.
Une des choses principales que j'ai apprise et comprise sur l'art de donner naissance c'est que la femme doit débrancher son cerveau : celui qui la mène à flipper, à calculer, à réfléchir... C'est ainsi que se libèrent les hormones nécessaires à la dilatation du col. J'ai beaucoup trop flippé et réfléchi pour la naissance d'Hélène. Je souhaite donc que tu sois mon para-tonnerre de cerveau : au-delà de me rassurer, je veux que tu penses pour moi. Je vais donc te transmettre mon « savoir » sur l'accouchement physio et le jour J, ce sera à toi de penser à toutes ces choses pour moi :
- Pour favoriser le travail, il faut mettre en off le néo-cortex et activer le cerveau primitif. On évitera tout stress, toute question organisationnelle... Cela signifie qu'il faut que la question organisationnelle de la gestion d'Hélène soit gérée en amont ou que tu gères seul, à défaut. Rappelle-moi de manger et de boire régulièrement. Ce sera aussi à toi d'être attentif à mes réactions quant aux contractions pour partir au bon moment à la maternité (calculer le temps entre les contractions par exemple, voir si j'arrive encore à parler ou pas...etc). On favorisera la détente, l'intimité, le calme : une lumière tamisée est favorable à la sécrétion des « bonnes » hormones, tout comme le rire, les massages, les câlins, les bisous... Les baisers langoureux, la stimulation des mamelons, voire un peu plus, sont favorables à la sécrétion des bonnes hormones. Sans honte, à la maison ou à la maternité, la pudeur est à mettre de côté pour moi et j'espère que tu m'y aideras.
- Pour ce qui est de soulager la douleur, tu avais géré de dingue pour l'accouchement d'Hélène et je ne doute pas que tu feras aussi bien, surtout après nos supers cours de préparation à la naissance. En plus des points de pression, invite-moi à prendre une douche : l'eau aide pour la détente. Tu peux aussi m'accompagner en respirant profondément avec moi, en m'aidant à trouver des postures qui me soulageront (se suspendre, se balancer fonctionnent bien et favorisent la descente du bébé). Sache que ma bouche est un reflet de mon col (oui,oui, je ne blague pas) : « bouche molle, col mou ». Il faudra donc m'inviter à desserrer les mâchoires face à la douleur, à garder le bouche molle, pourquoi pas à chanter, émettre des sons graves ou souffler comme un cheval. J'ai aussi lu qu'un massage vigoureux des cuisses et des fesses (genre secouage de graisse) était bénéfique pour certaines femmes : ça leur permet de se détendre et par là même de soulager les douleurs. De même, on prévoira un gant de toilette pour m'appliquer de l'eau chaude dans le bas du dos (ça a manqué pour Hélène et je me souviens encore de la sensation d'avoir la peau du dos en feu.)
-Sache que peu avant la naissance (vers 7-8cm de dilatation), il y a la phase de désespérance. C'est une phase où la femme perd toute sa motivation, se dit qu'elle n'y arrivera pas, souffre comme jamais, et cède souvent à la péridurale. J'attends de toi que tu me boostes, que tu m'aides à penser à autre chose (c'est peut-être le bon moment pour les gros bisous :D) et surtout que tu ne flippes pas ! Peut-être que ça m'aidera de penser à des bons souvenirs (comme notre mariage ou les moments avec Bichette.) Peut-être qu'il faudra que tu me rappelles qu'on va bientôt rencontrer notre fils et que ça va être magique. Quoiqu'il en soit, le mot « péridurale » est banni de ton vocabulaire et si je m'apprête à la demander officiellement, rappelle-moi de patienter 30 minutes, aide-moi à me remettre dans un état de détente. Bref, sois mon roc quand je serai une mauviette !
Pour le moment de la naissance à proprement parler, je veux éviter épisiotomie et déchirures, ce qui signifie qu'il faut que je sois ultra détendue. J'ai découvert qu'il existe un super truc qui s'appelle la « turgescence vaginale » : en gros c'est ce qu'il se passe quand la femme est excitée afin de permettre le rapport sexuel (le vagin s'élargit). Évidemment, la turgescence a des avantages non négligeables pour favoriser le passage sans encombre du bébé et éviter les déchirures et autres joyeusetés. Franchement, si je peux éviter de morfler pendant des mois comme pour Hélène, moi ça me convient bien. Du coup, n'hésite pas à me faire petits bisous dans le cou ou à m'embrasser pendant l'expulsion (on le racontera pas à notre fils).
Voilà qui fait déjà pas mal. Évidemment, c'est un écrit à discuter : tu n'es forcé à rien ! Il y aura sûrement un écart entre mon désir et comment toi tu vois les choses. Bon et puis sinon ça va être super cool et on pourra dire qu'on a accouché ensemble parce que tu auras donné autant d'efforts que moi dans l'affaire 😆
Je t'aime
Ta chérie chiante