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ma chere bichette

Lettre 6

Mon petit cœur, 

 

Cette semaine, tu as bu ton dernier biberon de lait maternel. Ça y est, c'est officiel, tu es une grande fille qui ne dépend plus du tout de ta maman pour t'alimenter.  Cela m'a fait un pincement au cœur. C'est sûrement un peu ridicule car cela faisait longtemps que tu n'étais plus allaitée au sein et que tu étais en tire-allaitement mixte. Mais malgré tout, c'est une nouvelle évolution. C'était notre dernier lien corporel, un petit reste de cordon ombilical. J'ai le sentiment de te lâcher dans le grand bain de la vie. Et quand bien même j'admire chacune de tes évolutions, je suis nostalgique aussi du petit nourrisson qui s'endormait sur mon sein paisiblement. 

 

Je "bloque" sur la nourriture depuis ta naissance... non, depuis la grossesse en fait ! Ça a commencé à la seconde où j'ai su que j'étais enceinte. J'ai espéré pour toi que tu aies le métabolisme de ton père : que l'alimentation ne soit pas un problème toute ta vie, que tu n'aies pas à contrôler ta gourmandise pour éviter une inexorable prise de poids. D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie trop grosse et j'ai toujours été confrontée à des phrases du style "attention tu ne devrais pas manger ça ou pas autant" et quand on me le disait pas, c'est moi-même qui le pensais.

Cette grossesse fut marquée par le diabète gestationnel qui, en plus de venir valider ce que je savais déjà -mon métabolisme de "grosse"-, mettait en péril ta santé. Je risquais d'avoir "un gros bébé". Ma première remarque quand j'ai appris ma condition fut "ce bébé n'est même pas né que je ne sais déjà pas en prendre soin...". C'est alors le début du contrôle de mon alimentation pour prendre soin de toi justement, et de sentiments de culpabilité à chaque mini-écart. Je n'ai rien lâché et le diabète a été géré. Puis, il y a eu cette dernière écho : la sage-femme qui demande à ton père et moi combien on pesait à la naissance,  avant de dire "alors ce sera un gros bébé comme sa maman. Ce n'est pas dû au diabète que vous avez  bien contrôlé, ce sont les gènes tout simplement". C'était une petite phrase sans importance mais ça sonnait comme une prophétie : tu serais comme moi pour l'alimentation.

 

Les débuts de ton alimentation ont été assez compliqués ; peut-être à cause de cette prophétie qui me restait en tête ? Quoiqu'il en soit la tétée de bienvenue, que j'avais tant idéalisée, fut un échec total et je vivais ce moment avec une grande frustration. Ensuite, la mise en place de l'allaitement fut compliqué : je ne parvenais pas à te positionner au sein, tu tétais mal et peu. J'étais portée par le désir profond de t'allaiter et boostée par une puéricultrice, qui nous secouait un peu, toi et moi. C'était la conseillère en lactation, une femme avec un franc parler mais une vraie bienveillance envers les mères et les bébés. Pas question d'abandonner l'allaitement ! J'allais persister et petit à petit ça se mettait en place, on prenait le rythme. Nous n'étions malheureusement pas au bout de nos peines : une mauvaise prise de poids, un reflux et des coliques. Je me souviens avoir souvent culpabilisé et m'être dit que je t'empoisonnais avec mon lait qui te donnait tant mal au ventre. Mais c'est la pédiatre qui nous a achevé avec un regard tout sauf bienveillant sur nous, et des remarques et prescriptions qui menèrent petit à petit à une diminution de l'allaitement pour un passage au biberon. J'avais en tête de te donner du lait maternel au biberon et de compléter au sein car je n'avais pas assez au tire-lait. Mais au bout de quelques jours, tu n'as plus su téter. Sur le moment, la seule option m'a semblé être le passage au biberon à 100% et la mise en place d'un tire-allaitement mixte. C'était en même temps une grosse déception et en même temps un soulagement : j'aurai l'assurance que tu buvais assez. Je renonçais donc à cet allaitement qui me tenait tant à cœur, alors que tu n'avais que 6 semaines. J'ai continué à me poser de nombreuses questions sur la composition de mon lait, sur d'éventuelles intolérances alimentaires. Et puis sont venues d'autres questions sur les quantités à te donner : ne mangeais-tu pas trop pour ton âge ? Tu t'es révélée être un petit bébé gourmand ! Tu as vite rattrapé ta petite prise de poids du début. Le stress sur ton alimentation ne me lâchait pas : de gros bébé pendant la grossesse, à bébé avec une trop petite prise de poids, puis bébé qui mangeait beaucoup. Je lisais "il faut augmenter les quantités quand le bébé finit tous ses biberons pendant quelques jours". Toi, tu as toujours fini tous tes biberons, sans exception ! Je ne savais dire si tu avais besoin de plus.

 

Aujourd'hui, ça fait presque deux mois qu'on a commencé la diversification. Je prends beaucoup de plaisir à te voir goûter et déguster tout ce qu'on te propose. Tu aimes tout et j'aime te voir apprécier ce temps des repas. J'ai hâte de te faire découvrir d'autres choses : la viande, les laitages, les féculents. J'essaie de laisser mes mauvaises pensées et mes angoisses sur la nourriture derrière moi. J'essaie d'écouter ton papa quand il me dit qu'on ne peut pas se tromper et qu'il faut qu'on y aille au feeling. J'essaie ! Petit à petit, je me sens plus sereine.

Cette semaine, tu as bu ton dernier biberon de lait maternel. Et toute ma culpabilité sur tes débuts avec l'alimentation me ressurgisse au visage. Je refais l'histoire : je n'aurais pas dû écouter la pédiatre, j'aurais dû recontacter la conseillère en lactation, j'aurais dû poursuivre l'allaitement..., mais alors j'ignorais qu'un allaitement est bien mis en place qu'au bout de 6 semaines environ. J'aurais voulu te donner plus, j'aurais voulu mieux savoir. Le tirage du lait pendant 4 mois et demi a été éprouvant ; mais c'était un peu ma façon de me racheter. Tout comme ces premiers petits pots que j'ai tenu à faire maison. Au fil du temps, j'accepte que notre histoire avec l'allaitement fut celle-ci. Elle n'est pas merveilleuse, elle est faite, de mon côté, d'angoisses, de renoncement et de regrets. Mais j'oublie trop souvent qu'elle est aussi faite de découvertes et de plaisirs. Pourvu que tu n'en gardes que cela ! Et puisses-tu avoir toujours en toi cette phrase de ta tata écrite dans ton album de naissance : "un jour tata Mymy aimerait t'apprendre l'art de la gourmandise, qui n'est pas un vilain défaut".

 

Je t'aime (plus fort que le chocolat),

Maman.

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Lettre 5

Ma petite bichette, 

Aujourd'hui, je voudrais te parler de ta naissance, de ce moment hors du temps où nous t'avons rencontré, et de ma naissance en tant que maman.

Beaucoup disent que la naissance de leur enfant est le plus beau jour de leur vie. Ton papa et moi, on s'accorde à dire que non... ce fut la plus belle rencontre de notre vie, le démarrage de la plus merveilleuse des aventures, mais le jour de ta naissance fût long et épuisant ! Désolée pour le mythe ! Une fois que tu étais là, nous n'avions plus qu'une envie : aller dormir ! Nous avions toute la vie pour te découvrir !

 

Au lendemain de ta naissance, je disais à quiconque le demandait que l'accouchement s'était bien passé  et c'était vrai : c'était un accouchement normal, et toi et moi allions très bien. C'est avec le temps que je me suis avouée que l'accouchement était finalement une déception, compte tenu du projet de naissance que j'avais pour toi. Et même que ça avait été un événement plutôt traumatisant. Avec le temps donc, j'ai finalement accepté que, non je n'étais pas obligée de dire que c'était génial sous prétexte que c'est ce qu'on doit ressentir à partir du moment où "tout s'est bien passé". C'est comme si la société nous interdisait de nous plaindre : tu dois être contente car il y a des accouchements tellement douloureux ou nécessitant une intervention instrumentale ou chirurgicale, car tu as un bébé en bonne santé... et puis, un accouchement est imprévisible donc tu n'as pas le droit de regretter qu'il ne soit pas tel que tu l'avais rêvé. Tu ne dois pas te plaindre car alors quoi ? Ça voudrait dire que tu ne serais pas heureuse de la rencontre avec ton enfant et ça fait d'emblée de toi une mauvaise mère ? De même, tu n'as pas à te plaindre des difficultés du post-partum car tu as un adorable et merveilleux petit bébé. Alors, on se tait et on dit que c'est le bonheur total, que l'accouchement s'est bien passé, que c'était le plus beau jour de notre vie...et on souffre de ne pas vraiment le penser, on se sent archi-nulle, la plus mauvaise des mères de la planète.

Je t'écris cela ma chérie pour que tu saches, si les mentalités n'ont pas évolué d'ici-la, que tu as le droit, tout comme moi, d'être déçue, d'être décontenancée, d'être mal suite à la naissance de ton enfant et que ça n'enlève rien à ton amour pour lui. C'est une connerie de la société que de ne pas écouter et épauler une femme qui vient d'accoucher, de les mener à mentir sur ce qu'elles ressentent vraiment.

 

En ce moment, doucement mais sûrement, le silence se lève sur les vécus des femmes : les violences obstétricales sont dénoncées et on avance certainement vers un plus grand respect des femmes, de leur corps, des naissances et du post-partum. Les femmes osent de plus en plus lever les tabous et se battre pour une meilleure prise en compte de la naissance et de l'accouchement. D'ailleurs, je soutiens tout particulièrement le mouvement "une femme = une sage-femme", qui œuvre pour qu'un accompagnement réel des femmes le jour de leur accouchement soit possible, en demandant une sage-femme pour chaque femme, en maternité. J'espère de tout cœur pour toi quand tu seras grande, quand tu t'apprêteras à donner la vie, que tu récolteras les fruits de ce qui est semé actuellement et que tu bénéficieras d'un super accompagnement.

Pour ta naissance, je n'ai pas eu une sage-femme présente pour me booster. On m'a fait comprendre que le service était débordé et qu'il allait falloir que je me débrouille un peu. Alors, arrivée à la phase de désespérance, je n'ai pas trouvé de soutien, je ne me suis pas sentie à la hauteur et j'ai demandé la péridurale,  alors que j'avais le projet d'un accouchement physiologique. Rien de dramatique que ce petit changement de plan, n'empêche que l'accouchement dont je rêvais était à portée de main et que je n'ai pas su, pas pu aller au bout : ça a tout de même était un semi-échec.

 

L'accouchement en lui-même a été pour moi un choc. C'est pas faute de l'avoir préparé. Mais on ne peut s'imaginer avant de l'avoir vécu. J'ai un souvenir très vague de ta naissance, comme si je n'étais pas vraiment présente, pas vraiment moi, pas vraiment dans mon corps. Je m'attendais à un débordement émotionnel, à pleurer en te voyant et là aussi rien ! Juste un sentiment de relâchement. Mais pas d'émotions. J'ai mis du temps à oser le dire et l'écrire, car je me sentais mauvaise mère (encore une fois) de ne pas avoir ressenti de bonheur indescriptible,  tel que d'autres en parlent. Les premières semaines auprès de toi, j'oscillais entre une joie et une admiration pour toi, et un sentiment d'étrangeté. Souvent je disais à ton papa "j'ai l'impression qu'on m'a prêté un bébé. Je sais bien qu'il faut que je m'en occupe et je le fais tout naturellement mais je n'arrive pas à me dire que c'est le mien". Ça m'a fait flipper ce sentiment de non-reconnaissance qui durait, alors que tout était si naturel pour ton papa. Et si notre lien mère/fille ne se créait pas bien ? et si l'attachement se faisait mal ? et si je faisais une dépression ? Petit à petit pourtant, ça s'est passé et tu es devenue "ma fille", pas juste "le bébé dont je dois m'occuper". Et je crois avoir un souvenir bien plus précis des premières fois où je t'ai nommé "ma fille", du bonheur, de l'amour et de la fierté que je ressentais alors à ton égard, que de ta naissance. Avec le recul ça a pris sens : j'ai pris conscience du bouleversement -que dis-je ?- du véritable tsunami que fut ta naissance dans ma tête, dans mon corps, dans chaque cellule de mon être, et que ce temps pour que je me sente mère était un temps normal d'adaptation : le fameux accouchement psychique.

Aujourd'hui, je me sens plus mère que tout autre chose, je me demande comment j'existais avant toi. Je vis le plus grand bonheur de la terre, l'expérience la plus dingue qui soit. Ta naissance m'a révélé à moi-même. C'est comme si jusqu'alors je vivais non-entiere, qu'il me manquait une pièce du puzzle pour être pleinement moi. Cette pièce, c'était la maternité. Merci à toi de m'avoir faite entière, de m'avoir faite mère. 

 

Je t'aime 

Maman.

 

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Lettre 4

Ma grande chérie, 

J'aimerais te parler de l'amour de ma vie : ton papa. 

Il a été aussi difficile à trouver qu'une aiguille dans une botte de foin : je me disais que je ne le trouverai jamais, jusqu'à tomber dessus comme par miracle.  

Ton papa m'a apporté tout ce que je recherchais : c'était une évidence. Je m'étais toujours dit qu'il y avait 2 types d'amour : l'amour naturel que l'on a pour ceux avec qui on partage des liens de sang, et l'amour choisi, qui se construit, pour les autres. Avec ton papa, c'est un amour choisi mais qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un amour naturel. C'est comme si on s'était toujours connus et toujours aimés, et qu'il était évident que ce serait ainsi pour toujours. Là où les grandes étapes de couple peuvent être source de conflits pour les autres, pour nous, ça coulait de source. Que ce soit notre rencontre, nos débuts de couple, notre emménagement ensemble, le pacs ou le mariage, tout s'est enchaîné le plus naturellement du monde, sans le moindre heurt. Il n'y a pas eu de difficiles compromis, nous étions sur la même longueur d'ondes pour tout ! Et ton arrivée n'a pas fait exception à la règle. 

 

J'ai commencé à parler de bébé assez rapidement avec ton papa. Lui trouvait que ça allait vite. Moi je me sentais prête et je savais avec certitude qu'il serait le père de mes enfants. Mais un enfant se fait à 2, alors finalement, nous avons fait les choses "dans l'ordre". Le mariage fut l'étape qui a fait déclic pour ton papa, et pendant les mois de préparatifs du mariage, on a commencé à sérieusement envisager la parentalité : nous nous sentions tous les deux prêts et on voulait créer notre famille.

 

J'ai eu peur, j'avoue. Peur de perdre l'osmose de notre couple, peur qu'on se dispute, peur qu'on perde notre complicité... peur que l'arrivée d'un enfant gâche tout et soit le tremblement de terre qu'on avait évité jusqu'alors. Je suis d'un naturel pessimiste et je voyais une possible ombre au tableau arriver avec notre bébé. Ton papa est d'un naturel optimiste et était serein tel un poisson dans l'eau. Nous nous sommes lancés dans l'aventure de la parentalité sans vraiment prendre la mesure de ce qui allait nous arriver. Est-ce que notre couple en est sorti chamboulé ? Oh oui ! Mais le chamboulement ne nous a pas désarçonné, bien au contraire. On en devient certainement encore plus soudé. C'est ce qui me fait dire que ton papa et moi c'est une merveilleuse histoire d'amour : on se complète, on se régule l'un l'autre, on se soutient, on évolue ensemble.

Bref, tu es le fruit d'un grand et véritable amour. On te regarde et on se dit que tu es la petite cerise sur notre gâteau ! Celle qui nous a fait devenir une famille. Depuis ton arrivée, je me sens encore plus amoureuse de ton papa. Je fonds littéralement devant votre relation si complice. Et je sais que j'ai trouvé le meilleur homme pour partager ce nouveau rôle de parents. 

 

Il faut que je te parle de sa transformation en papa, car j'ai assisté là au plus beau spectacle qui soit. Dès la maternité, alors que moi je me sentais un peu gauche, lui il a pris immédiatement soin de toi comme s'il s'était occupé d'un bébé toute sa vie. Il te portait, te câlinait, te berçait. Tu dormais longuement contre son torse pendant que je me reposais. En un claquement de doigts, il était devenu père et ça lui allait comme un gant. Petit à petit, ensuite, il s'est dévoilé être un papa doux et attentionné. Il a commencé à te chanter des chansons ! Sais-tu que jamais de la vie il n'aurait chanté devant moi ? Mais pour toi il le fait, parce que c'est toi, parce que tu aimes ça, et je crois même qu'il y prend plaisir. Le soir, nous faisons le rituel du coucher ensemble : il te lit une histoire, il t'embrasse tendrement, te dit des mots rassurants, revient te chanter une berceuse si tu peines à t'endormir. Pour le bain aussi, nous sommes ensemble : nous partageons avec toi ce moment de détente et de jeu. Ton papa fait toujours bien attention à ce que tu n'aies pas froid. J'adore nos moments partagés à 3. Et j'aime comment ton visage s'illumine quand tu le vois, l'air de dire "c'est MON papa à moi !".

Tu as 5 mois et on vit dans une bulle de bonheur où chacun de nous 3 s'épanouit, et gagne même un petit surplus d'épanouissement à être témoin de la joie et de l'amour qui unissent les 2 autres. Nous avons trouvé l'osmose à 3. Que de bonheur ! 

 

Je t'aime, on t'aime,

Maman. 

 

 

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Lettre 3

Ma bichette, 

Je n'ai pas commencé par le début. Car le début ce n'était pas la grossesse. Le début c'est le désir de maternité. C'est la façon dont j'ai grandi. C'est ma maman, mes grand-mères, et toutes celles avant elles. C'est de là où je viens, ce sont mes parents et leur éducation, ce sont mes sœurs et notre lien. C'est la rencontre avec ton papa, nos projets d'amoureux. C'est tout ça qui est à la base de ma maternité, de notre relation, d'une part de ton histoire. Alors dans les lettres à venir, c'est cette histoire-là que je vais essayer de te raconter. 

 

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être un jour une maman. J'ai beaucoup joué à la poupée étant petite et jusqu'à assez tard. J'ai un souvenir assez précis de mes jeux : je me jouais en mère célibataire, en maman aimante mais assez sévère, un peu héroïque pour élever tous mes petits ! Je m'imaginais à la tête d'une grande famille un peu bancale : il y avait Barbara et son handicap moteur, Theophilien l'hyperactif, Rosie et Annie les jumelles à la santé fragile (les poupées de mamie B quand elle était petite), Yann et Célestin. Les deux derniers étaient à priori en forme ! J'avais une imagination débordante. Quand j'y pense aujourd'hui, mes jeux raisonnent différemment. Alors voilà, l'histoire de mon désir de maternité part de là : j'ai 10ans et 6 enfants à charge ! Je m'amuse ! J'adore ce jeu !

Le chiffre 6 est longtemps resté. A 16 ans encore, je me voyais bien avec  une famille nombreuse, et 6 me semblait être un super chiffre ! Pour moi, être maman ne pourrait être qu'un épanouissement et une aventure que je voudrais reproduire plusieurs fois. Fallait-il encore trouver le papa qui en voudrait autant ! Pas gagné ! 

Et puis, j'ai grandi, il y a eu la naissance de tes cousins, j'ai travaillé auprès d'enfants en centres aérés, et je me suis dit que 2 ou 3 enfants, ce serait déjà pas mal ! 

 

La suite se complique. Mes histoires de cœur sont décevantes. Je ne trouve pas chaussure à mon pied, comme on dit. Les années passent et il faut se résoudre à l'évidence : je vais finir vieille célibataire avec un chat. A défaut d'un mari et d'enfants à aimer, je serais une super tata, c'est déjà ça. J'ai traversé des années de grande tristesse à voir mon idéal de vie s'éloigner. Pourtant, je n'étais pas très exigeante : un métier plaisant, un mari aimant et des enfants épanouis. Ce n'était pas la lune ! Finalement, il y eut la rencontre avec ton papa, le bonheur et ton arrivée !  Bon, je vais vite en besogne : je te raconterai plus en détails prochainement.

 

En attendant, sache que je t'aime, 

Maman. 

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Lettre 2

Ma grande fille,

Tout juste 5 mois et je t'appelle déjà "ma grande fille" : ça me semble déjà si loin ta naissance, quand tu étais un tout-petit nourrisson ! Tu grandis si vite ! Je ne parle même pas de la grossesse : tout, avant ta naissance, me semble être dans un autre monde, une autre histoire. Ton arrivée a tout chamboulé ! Aujourd'hui, je voudrais te parler de la grossesse justement. Je ne veux pas te raconter les événements (tout est déjà relaté dans ton album de grossesse), mais te raconter l'autre histoire, celle qui est sûrement un peu plus universelle et que je te souhaite de vivre un jour. 

 

8mois et 5 jours : c'est le temps qui s'est écoulé entre le jour où nous avons appris qu'on t'attendait et le jour de ta naissance. C'est le temps que j'ai eu pour me préparer à devenir mère. Ça passe tellement vite qu'on se retrouve projeté, presque malgré nous, dans la nouvelle vie de parents.

 

Pour autant, je garde de la grossesse un souvenir délicieux ; même si la tâche du "devenir mère" me semblait énorme, j'étais sereine. Ce fut pour moi une merveilleuse parenthèse, une période de mutations stimulantes. Je me regardais être enceinte et je me trouvais épanouie, heureuse. C'est une drôle de période : on est dans un état d'extrême fragilité, mais on se sent, en même temps, tellement forte ! On est en train de faire la chose la plus extraordinaire au monde, on crée un être humain à partir de pas grand chose. Si on peut faire ça, alors on peut tout faire, rien ne peut nous résister !  On se sent aussi simultanément écrasée et boostée par le poids des responsabilités que le petit être qu'on porte apporte avec lui. Cette fois-ci, ce n'était pas pour rire, il y avait toi, une vie à protéger, à construire, à faire grandir : ce n'était pas le moment de se planter ! et c'est un sentiment qui nous poursuivra probablement pour toujours.

 

J'ai profité de cette période de grossesse pour lire, me questionner sur mon état de femme, ma maternité, ta naissance. Ce fut une grande introspection et je me posais avec comme seules réflexions : qu'est-ce que je veux pour mon corps que je partage avec mon petit bébé dino ? Quelle naissance je rêve pour moi en tant que mère et pour toi mon bébé ? Quelle mère je veux être ? Je crois que j'ai beaucoup évolué alors. A travers mes lectures, je me suis sentie devenir capable : capable de te donner naissance, capable de t'élever, capable de te comprendre, toi le petit être dont je ne savais rien, même pas si tu étais un garçon ou une fille. Le grand sentiment de cafouillage, de  montagne à gravir en début de grossesse, a laissé place à un sentiment de force, de calme et d'amour illimité. La grossesse m'a fait gagner confiance en moi, je devenais mère. Je ne me sentais plus toute tremblante et peureuse, mais sûre de moi et confiante. Je crois que c'est la 1ère fois de ma vie que j'avais une telle confiance. Peut-être étais-je portée par les hormones ? En tout cas, je me sentais prête pour toi ! La suite m'a montré que je ne l'étais pas vraiment... Tu étais voulue, attendue et pour autant je ne peux pas dire que j'étais préparée à ta venue. Peut-on l'être ? C'est le plus gros chamboulement de la vie, l'expérience la plus forte et celle pour laquelle on a un temps de préparation très très court. Nous sommes propulsés en tant que parents tout comme toi dans la vie. Nous avons tout à apprendre de notre rôle, tu as tout à apprendre du monde. 

 

Si un jour tu portes la vie à ton tour, ma toute petite chérie, j'espère que tu vivras cette période comme une chance de te découvrir un peu plus, comme ce fut le cas pour moi. Mon unique conseil sera le suivant : dans cette tempête de transformations physiques et psychiques, dans cet ouragan émotionnel, repose-toi sur tes proches, leur soutien te portera, te grandira et te rendra confiante. 

 

Ta maman qui t'aime depuis le tout premier jour : 8mois et 5 jours avant ta naissance. 

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Lettre 1

Ma chère Bichette, ma petite chérie, 

 

J'ai décidé de t'écrire. Cela fait quelques jours que je ressentais le besoin d'écrire sur ma maternité, de poser par écrit mes pensées, mes sentiments. Mais je n'y parvenais pas, ça ne prenait pas sens. Et puis ce matin, j'ai décidé de t'écrire à toi. Peut-être parce que même si ces textes peuvent raisonner pour d'autres, ils n'auront de sens que pour toi ma petite chérie. Il y a presque 5 mois que je suis devenue ta maman. Ma vie en est bouleversée, chamboulée, sans dessus dessous ! Ton papa dit qu'on commence à reprendre pieds et il dit vrai. Ça y est, petit à petit, on se sent plus à l'aise dans nos nouveaux rôles de parents, on voit à peu près où on veut aller avec toi, quel chemin relatonnel et éducatif on veut prendre. Parfois on s'arrête, on se demande si on fait bien. Aucun moyen de le savoir. C'est toi un jour qui nous diras et nous montreras ce qu'on a bien fait et là où on s'est planté en beauté ! 

 

Alors, je vais t'écrire, peut-être rarement, peut-être souvent, peut-être quelques mois ou peut-être pendant des années. Ces lettres, elles te permettront sûrement un jour de comprendre ta maman : pourquoi j'ai été cette maman là, avec telles qualités et tels défauts, pourquoi je t'ai élevé ainsi, pourquoi nous nous entendons si bien sur tel point et pourquoi on s'engueule systématiquement sur tel autre, pourquoi tu m'aimes et pourquoi je t'agace tant. Ce sont des lettres pour quand tu seras ados et que tu me trouveras bête, pour quand tu seras jeune adulte et que tu te questionneras sur qui tu es, pour quand tu penseras à construire une famille et que tu te demanderas si tu seras une bonne mère, pour quand tu deviendras mère à ton tour et que tu te poseras mille questions sur ta maternité et sur comment faire mieux que moi !

Ces lettres elles sont aussi pour moi, pour réfléchir et pour penser notre relation, pour toujours chercher à faire au mieux pour toi sans jamais me trouver d'excuses lorsque parfois je me planterai. 

Ces lettres enfin, elles sont là pour qu'on se souvienne de ce lien si fort qui nous unit et de combien on s'aime. Ces lettres elles seront là pour te parler de nous, quand je ne serai plus là.

 

Je t'aime, 

Maman

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